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المقهى الأدبي وجدة
Amnésie québécoise
A.Louaradi
Arbre millénaire !
Arbre éternel
Secoue l’air au cœur du tourment
Charrie les blessures
Les ophiolites de ma Grèce antique
Arbre de discorde !
Inhume ton corps
Exude en sueur, en larmes
Exude en sang, en chant de martyr
Devant la sainte en noir
Dans les bras d’une sœur en cape
Sur la figure du temps
Je me grave ton nom en tatouage nocturne
Ebloui par tes feuilles insensées
Rousses, jaunes, rouges
Toutes du Québec, ensanglantées
Dans la mémoire givrée
Naissent les douleurs
Arbre nu !
Tremblant de peur
De désir mystique
Prie la sainte au seuil du printemps
Terre nue !
Terre ceinte de nos ultimes tentations
Sainte matrice enfante l’instant
Arbre déchu !
Refais ton beau manteau
De tes feuilles mortes
De tes souvenirs enfouis
Laisse couler la sève et le temps
Dans tes phloèmes engourdis
De ton buste en chair interdite
De tes prières englouties
Tu t’es métamorphosé
En amandier voyageur et blessé
Je te fais ma crypte funéraire
Mon alcôve posthume
Là, entre la nuit et le néant
J’embrasserai ton front froid
En marbre veiné
Où coulera ton sang mielleux
En amont tes désirs avortés
En aval ma mort t’attendait
Où fleuve embrasse le futur
Arbre millénaire !
Ô olivier de mon quartier
Tu garderas les pas, les bruits
Et les flocons souriants
Arbre de la honte
Étale tes essences éthérées
Étends tes branches et rameaux
Au delà des murs et des champs en mines
Érige tes cimes, tes souhaits
Vers les nuages apatrides
Dilue l’absurde dans le sang de tes prophètes
Dans l’eau bénite de ta rivière sacrée
Arbre millénaire, mon olivier sauvage
D’une neige brulante tu t’es façonné
Prends froid au cœur de tes enfers
Regorge de tes douleurs en grappes
Olivier aux raisins interdits
Tu mourras sur les genoux du temps
Couché sur ma tombe hexagonale
Tu râleras, tes feuilles s’envoleront
Où les fourmis et les rouges-gorges
Chanteront
L’ultime départ vers l’origine des temps
Arbre millénaire !
L’automne étrangle ma conscience
Tout au fond de la mémoire Québécoise
S’enlisent les années blanches et les souvenirs d’antan
Ni sainte ni apocryphe
Laisse mûrir ta mort
Quand tu blanchiras les rameaux
Quand la neige recouvrira le temps
Je ressusciterai en arbre
En arbre éternel
Arbre millénaire !
Entends-tu les troncs gisants,l’enfant gémissant ?
Reviens !
Les Dieux ne sont plus là
C’était il y a une éternité
Il y a très longtemps
Sur ta cime orpheline vient la mouette se poser
Arbre millénaire !
Garde bien le secret
Inhume –toi ! au pied du vieil amandier
A.Louaradi : Ahfir 13-112014
